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JOURS DE BATAILLE

paraient à être braves, sont déçus. Ça, une révolution ? C’est raté, comme le coucher de soleil.

Et maintenant, au matin clair, j’ouvre ma fenêtre, et, le plan du Guide à la main, j’essaie de m’orienter, de comprendre comment c’est fait, Constantinople.

C’est une ville si compliquée ! Le Bosphore, la Marmara, la Corne d’Or, la rive d’Europe et la rive d’Asie, Péra, Galata, Stamboul, Scutari, tout cela c’est Constantinople, et dans mon imagination, c’est un chaos. J’ai lu les bons auteurs, les spécialistes de l’Orient, Gautier, Loti, Farrère, et ma mémoire est pleine de phrases et d’images somptueuses… Ô mosquées ! ô minarets ! ô caïques ! cyprès d’Eyoub, tombeau d’Aziyadé, petit yali de Beïcos, je vous vois bien… Mais la topographie, l’arrangement matériel de toutes ces mers, de toutes ces villes, et de tous ces continents qui entrent les uns dans les autres, je ne les ai pas encore saisis.

Regardons par la fenêtre… La rue, entre des maisons banales et la grille d’un jardin public,