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ET DE RÉVOLUTION

redingote, très pâle, le regard dur. Il avait la barbe mal teinte, d’un noir rougeâtre, les bras ballants, les épaules plus basses et arrondies qu’à l’ordinaire, ce qui lui donnait une piteuse attitude d’humilité. Djevad bey se tenait près de lui, et sur un divan, un de ses plus jeunes fils, étendu, gémissait et pleurait.

Le Sultan demanda :

— Que voulez-vous ?… Est-ce que vous allez me tuer ?

Ses mains tremblaient. Le général Eszad Pacha répondit que l’Assemblée nationale avait prononcé sa déchéance.

Le Sultan dit :

— Que faire ?… C’est le destin.

Sur le divan, le petit prince sanglota plus fort. Tremblant toujours, et devenu livide, Abdul-Hamid commença une sorte de plaidoyer. Il rappela qu’il avait fait tout son possible pour assurer, pendant trente-trois ans, la paix et la liberté du pays, et qu’il n’avait fait de mal à personne.

— Je ne suis pas la cause des derniers évé-