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ET DE RÉVOLUTION

sant et même contre l’apathie, plus dangereuse que les vices.

Le soleil levant est toujours beau. Il y a, sans doute, une grande part de flatterie et d’hyperbole dans les portraits qu’on trace du nouveau sultan ; mais, à travers les exagérations et les embellissements courtisanesques, Mahomet V apparaît comme un simple et brave homme, plein d’inexpérience et de bonne volonté. Il a soixante-cinq ans, une santé compromise, des goûts modestes. Il ne ruinera pas le pays et ne cherchera pas les aventures militaires. Il ne massacrera personne et respectera les lois. Comment refuser une sympathie apitoyée à ce prince qui connut le malheur et ne connaît pas la rancune, qui porte ce titre formidable de Sultan calife et qui ne fera jamais, jamais sa volonté propre, trop content de régner à l’ombre de la Constitution sous la protection du grand sabre de Chefket Pacha ! Que les Jeunes-Turcs le gardent bien ! Ils ne trouveraient pas mieux. Yachassin ! Qu’il vive !