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JOURS DE BATAILLE

autour des fontaines, sont accourus les tcharchafs noirs, violets, marrons, qu’on ne voyait guère à Stamboul, ces jours derniers, et des musiques jouent. Le canon, qui a interrompu ses salves, gronde encore, là-bas à Top-Kapou, au Vieux-Sérail…

Et soudain, des cavaliers, en un galop furieux, balaient la rue… « Destour !… destour[1] !… » Les queues et les crinières flottantes fuient, éperdument ; d’autres arrivent : « Destour !… destour !… » Il faut faire place, reculer… Sans doute, un personnage, le grand vizir ou le Cheik-ul-Islam, va passer avec un cortège militaire… Moïse, qui met son honneur à ne rien perdre du spectacle, quel qu’il soit, fait ranger la voiture dans une rue transversale, juste derrière la haie des soldats.

Au loin, une clameur indistincte s’élève, se rapproche, comme une vague qui court, depuis le Séraskiérat vers nous. Elle suit le cortège qui défile rapidement, au trot, cavaliers et voitures… C’est une vision de cinéma-

  1. Gare !… Gare !…