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JOURS DE BATAILLE

parmi eux, et aussi un vieil uléma, à barbe fleurie, à turban vert, très vénérable et si vieux, si vieux qu’il peut à peine marcher. Les soldats le soutiennent par les coudes, règlent leur pas sur le sien, et le portent presque avec déférence… On ne le fusillera pas, ce vieux ! Ce n’est pas possible ! Il est plus qu’octogénaire, et, dans un âge si avancé, il a mille excuses de n’être pas libéral… Mais les autres, les jeunes, ne trouveront au conseil de guerre que la justice stricte et non pas l’indulgence. Ils ont fait trop de mal aux Jeunes-Turcs, ces prêtres engraissés par la camarilla d’Yldiz… On dit, tout bas, que, pour eux, la première répression a été terrible, que des centaines ont été tués autour de la mosquée Mehmed, et jusque dans la cour sacrée… Si le fait est vrai, il ne manquera pas de fanatiques pour canoniser spontanément ces softas et les glorifier comme des martyrs.

Des prisonniers, et d’autres prisonniers encore, hodjas, officiers, espions, simples suspects… À pied, les poignets reliés par des