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la femme et son secret

insexués. Elles ont un cœur et des sens, et elles vivent, parmi des garçons, dans une familiarité presque sans réserves. Ces garçons, très jeunes, sans situation, ne sont pas épousables. Que peuvent-ils offrir à une fille qui leur plaît ? Ce qu’ils lui demandent, à elle, ni plus ni moins. Et ce qu’ils lui demandent, ce n’est pas sa main, ce n’est pas son cœur ; c’est son corps, tout neuf, pour quelques jours ou quelques nuits. La « petite femme du quartier », que ma jeunesse a connue, disparaît. L’étudiante la remplace. On ne dit plus à une jeune fille : « Je vous aime. » Ce serait ridicule. On lui dit : « Je vous désire. » On ne lui dit plus qu’elle a du charme. On lui dit qu’elle a du « sex-appeal». On ne lui dit plus : « Voulez-vous m’aimer ? » Mais, tout crûment : « Voulez-vous coucher avec moi ? » (sic).

« Cela vous étonne », continua mon ami qui vit, à mon air, que je ne le croyais pas. « Vous pensez que je cite des cas exceptionnels. Non. Je suis bien informé, et je n’incrimine pas les pauvres filles qui reçoivent ces propositions. Elles aimeraient mieux autre chose, j’en suis sûr. Elles voudraient être aimées et chéries, à la manière qui n’est pas