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l’âge de l’ingratitude

Mûres pour l’amour et le mariage, est-ce possible ? Voyez leurs sœurs d’aujourd’hui. Bien que la loi permette de marier ces écolières, les mœurs s’y opposent, comme à un abus de pouvoir, qui serait aussi un abus de confiance. Donner à un homme cette enfant qui grandit encore, infliger à cette petite fille le risque d’une maternité, engager tout l’avenir de cette irresponsable, quels parents l’oseraient ?

Faut-il croire que les filles de quinze ans, au temps de nos grand’mères, étaient plus développées et plus précoces que celles d’à présent ? Je regarde les fillettes qui sortent du lycée et s’égaillent comme des étournelles. Elles sont encore anguleuses, gauches et garçonnières. Le printemps est venu, mais c’est le début d’avril, et non pas la blanche floraison de mai. Quinze ans, dans les chansons et les romans de la vieille France, c’était peut-être un symbole, une manière d’exprimer la très jeune beauté de la femme intacte, déjà désirable et désirée.

Pourtant, si nous évoquons nos souvenirs et cette chronique familiale qui se transmet de mère en fille, nous trouvons des aïeules qui