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LE CHEMIN DE LA SAGESSE

temps d’être bonne, et toujours meilleure. Ce n’est plus le temps d’être désirée : c’est le temps d’être chérie. La femme qui vieillit n’est pas obligatoirement laide et difforme. Elle doit sauver la grâce, quand elle perd la beauté.

Et, résolument, qu’elle accepte de n’être pas à la mode, de représenter une figure originale, l’expression d’une époque révolue, au lieu de parodier la jeunesse. J’aime ces octogénaires intelligentes, curieuses encore de tout, nobles vieilles fées, protectrices des jeunes talents, et qui laissent, après elles, leur légende. J’aime ces aïeules provinciales, assises au sommet d’une famille, personnages importants dans leur ville, dispensatrices de leçons, de conseils et de bienfaits, pleines de solide bon sens, et que n’intimideraient ni le roi — s’il y avait un roi — ni le Pape.

La vieillesse est horrible, lorsqu’elle est la fin de tout : fin de la beauté, de l’amour, de la santé, de l’espérance, et même de la sagesse, lorsque de la féminité morte, il reste un être desséché, coquillage vide, friable et dur, dont les arêtes vives blessent ceux qui les touchent. Dans cet être où les caractères physiques du sexe s’effacent, l’égoïsme est le dernier ressort