mère lui donne un journal illustré à feuilleter. Une gravure représente un convoi de prisonniers allemands.
— Qu’est-ce que c’est, dis maman, ces messieurs ?
La mère répond :
— C’est des « Boches » !
La figure de Françoise exprime un étonnement pénible.
— Mais, dit-elle, déçue… ils ne sont pas noirs !
Cette image lui reste-t-elle dans l’esprit ? Je ne crois pas. Ce n’est pas à un sentiment humanitaire qu’elle obéit, le jour où, dans un tramway, assise sur les genoux de sa mère, elle assiste aux épanchements d’une vieille dame qui a lié conversation avec Maman. La vieille dame parle de quelqu’un qui est « au front » (?) là où se trouve Papa, et elle gémit. Et Maman gémit. Quelle conversation inutile et dépourvue d’intérêt ! Assommante vieille dame ! La voilà qui s’en prend à Françoise, maintenant !
« Et cette gentille petite fille, elle aime bien son papa, son pauvre papa qui est à la guerre, et qui se bat contre les vilains Boches ! »