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LA FEMME ET SON SECRET

Ce n’était pas toujours bien grave, ce n’était pas irrévocable, mais les débuts des nouveaux époux étaient assombris par ces orages. Et, très souvent, l’autre belle-mère s’en mêlait. Imaginez la guerre entre ces matrones, égales en droit, et l’agréable situation de leurs enfants !

Dans un mariage, les deux belles-mères ne considèrent pas l’événement de la même façon. La mère du jeune homme a la certitude, justifiée ou non, que son fils, étant l’homme, pouvait choisir, et qu’on doit lui savoir gré d’avoir choisi. La mère de la fille avoue, d’abord, une joie qui se mêle bientôt de mélancolie et quelquefois d’irritation secrète.

On lui prend sa fille. C’est entendu. Elle la donne, mais n’a-t-elle pas l’arrière-pensée de la reprendre, et le gendre par surcroît ? Il est tant d’exemples de ces mariages où l’épouse, ayant suivi l’époux, le ramène, et l’introduit dans sa famille à elle, jusqu’à l’y incorporer. Les enfants d’une fille ne sont-ils pas des petits-enfants plus proches encore que les enfants d’un fils, conçus et portés par une étrangère ? La rivalité féminine qui fit se heurter quelquefois la mère et la fille, avant le mariage, n’est-elle pas remplacée par une espèce