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LA FEMME ET SON SECRET

veux. Une dame qui se pèse tous les jours, se mesure, s’examine, se critique, et court, désolée, de réparateur en réparateur, cette dame est… passez-moi le mot : fichue !

Ayez longtemps vingt-neuf ans et toujours trente-neuf, ma sœur ! Pensez-y fort peu. N’en parlez jamais. Vous ferez plaisir ainsi à vous et à ceux qui vous aiment.

Les enfants ont grandi.

La femme mûre, au seuil de l’âge pathétique où la vie va la désarmer, regarde autour d’elle, et fait le compte de ses richesses. De tout ce qu’elle a reçu, que lui reste-t-il ?

Son mari qui l’aime bien, qu’elle aime bien, est pris par le métier ou la profession, occupé, surmené, et blasé sur les joies du mariage. Deux époux se chérissent, mais s’ils ne possèdent pas le talent, la volonté de se renouveler, leur paix conjugale ressemble à un demi-sommeil. Leur esprit, leurs sens, subissent un engourdissement confortable et néfaste. Leur horizon se rétrécit. L’ennui les guette, et aussi le démon qui n’est plus celui de midi : le démon sournois de cinq heures du soir.