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LA FEMME ET SON SECRET

dans ces inventions des écrivains, une injure personnelle.

La vie, heureusement, est plus clémente que la littérature aux jolies femmes mûrissantes. En province, dans la petite province, le chiffre de quarante ans garde encore sa vertu maléfique. Il annonce la retraite. À Paris, une femme de quarante ans n’est pas même dans la territoriale, et elle a, comme les officiers de réserve, des périodes d’activité, où la question de l’âge ne se pose plus. Il lui serait impossible de jouer la scène antique et classique du « premier cheveu blanc », scène bien chère aux romanciers du XIXe siècle, et dont ils ont tiré toutes sortes d’effets, moraux ou immoraux. La découverte de cet indésirable cheveu n’est plus tragique. D’abord, on n’a pas « un premier cheveu blanc » parce que les coiffeurs y veillent. On a tout à coup « des cheveux blancs » parce qu’on est privé de coiffeur, ou parce qu’on a décidé de les porter. C’est une coquetterie, ou une habile prudence. Il faut blanchir très tard, ou très tôt, afin que cette blancheur paraisse, dans l’un ou l’autre cas, une faveur de la nature.

Les cheveux blancs parsemés parmi les