ternité, la présence des enfants, les intérêts d’une carrière, le souci d’une fortune, car le mariage est un acte social et religieux. De là, son caractère particulier et sa haute noblesse. Mais il peut exister sans contenir de passion amoureuse, et s’il la contient, ses influences si complexes la transforment ou la détruisent.
Hors du mariage, l’amour, entre un homme et une femme libres d’eux-mêmes, doit compter aussi avec les nécessités étrangères ; avec la fonction ou le métier, surtout si la femme exerce une profession qui la rend indépendante de l’homme, avec les tentations, les possibilités d’aventure, le goût du renouvellement qui existe chez la femme, comme chez l’homme.
Dans le cas de Juliette Drouet, ces influences sont annihilées par les conditions de sa vie. Elle est l’amour ; elle n’est que l’amour ; elle est tout l’amour. Sa tendresse maternelle est dissociée de cette passion, puisque sa fille n’est pas la fille de Victor Hugo. L’amitié lui est interdite. Sa vie intellectuelle, resserrée dans l’œuvre hugolienne, ne peut ni s’étendre, ni se nourrir d’aliments nouveaux. La décision sans appel du maître condamne son corps et sa