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la femme et son secret

appris au collège, et se rappellent encore, peut-être, des fragments, ou des vers épars du poème immortel, combien savent cette histoire ? Victor Hugo n’est plus à la mode, paraît-il. L’amour non plus. Bièvres, Jouy, les Metz, on y va en excursion. Allons-y en pèlerinage.

C’est en août 1834 que Victor et Juliette, après avoir déjeuné à l’Écu de France, de Jouy-en-Josas, gravirent la route « âpre et mal aplanie » qui monte le flanc de la colline. Ils cherchaient une maison — pas même : une chambre dans une maison — à louer, pour que Juliette s’y installât, discrètement, tout le temps que Victor serait, avec sa famille, chez M. Bertin, aux Roches. Ils trouvèrent ce qu’ils cherchaient. La maison appartenait à une Mme Labussière. Le loyer était de 92 francs par an.

Elle a vu, cette humble maison, dont on a fait un petit musée, les heures les plus douces que vécurent les deux amants, depuis la nuit du 17 février. Ici, la double jalousie s’apaisait dans la vaste sérénité de la nature. Paris, aujourd’hui si proche, était encore très loin. Juliette, échappée à sa prison, refleuris-