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L’HÉROÏSME FÉMININ

tant, que l’homme ne prétende pas la retenir et la reprendre. Au péril même de sa vie, la femme, quand elle a dit : « C’est fini ! » est implacable. L’amant d’hier n’est plus que l’ennemi. Tous les moyens sont bons pour s’en défendre et pour s’en défaire. S’il menace, après avoir supplié, une haine sans nom, physique comme le désir, se lève contre lui, des entrailles de la femme. Sous le poing qui va s’abattre, sous le couteau qui va frapper, la plus fragile créature répétera le défi qui met le sang aux yeux de l’homme. « Non… non… jamais… ». Elle n’est plus qu’un refus vivant. Félin acculé à l’obstacle, elle fait face avec un courage qui surprend et parfois désarme l’adversaire. Si le geste meurtrier ne s’achève pas, quelle victoire pour la femme, et dans son rire, quel incommensurable mépris !

Il arrive que Carmen se sauve encore par la ruse. Elle garde son sang-froid et elle joue la partie dont sa vie est l’enjeu, en promettant ce qu’elle est bien décidée à ne plus donner, José qui se méfie, voudra des gages. Le chef-d’œuvre de Carmen est de n’en accorder aucun et de renverser si bien les rôles, qu’elle aura le salut, l’honneur et le gain.

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