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L’HÉROÏSME FÉMININ

femme, jamais. Elle a besoin que les autres aient besoin d’elle, et il est vrai que les autres en ont besoin. D’où son instinct sociable, et son influence civilisatrice. D’où sa véritable grandeur, et son inépuisable charité. D’où son énergie dans les désastres de la vie familiale, énergie bien souvent supérieure à celle de l’homme. Lorsque tout croule, fortune, situation, espérances, et même ces amitiés qui se dérobent devant le malheur, lorsqu’il faut renoncer au luxe et même au bien-être, et que la misère menace, la femme, hier encore insouciante et choyée, grandit tout à coup dans l’épreuve. Si le chef de famille désemparé fait défaut, elle le supplée, et s’il disparaît, elle le remplace. Pour nourrir ses enfants, pour sauver son foyer, elle travaillera, avec cette patience et cette ardeur qu’on voit aux abeilles dans la saison de la récolte, quand les butineuses, ne mesurant plus leurs forces, meurent à la tâche, les ailes éraillées par la quête du pollen.

Les défauts de la femme, que je n’ai pas dissimulés dans cette étude impartiale, et tout le mal qu’elle peut faire, lorsqu’elle sort de son rôle et méconnaît sa vocation, ne sont-ils