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L’HÉROÏSME FÉMININ

expressions que cette femme désespérée emploie pour émouvoir, et troubler, le néophyte.

Voilà donc le dégoût qu’apporte l’hyménée.
Je te suis odieuse après m’être donnée…

On trouve que Pauline exagère, qu’elle manque de goût et même de pudeur ! Et ce ton-là, ce n’est plus tout à fait celui de la muse tragique. Mais c’est bien celui de la nature et de la vie. C’est le suprême argument de la femme qui fait lever des souvenirs brûlants et de brûlantes images, et qui appelle une ardente dénégation.

Polyeucte est homme. Il aime Pauline. Elle est encore neuve à ses sens. Cet enthousiaste frénétique devait être un amant passionné. Il frémit et il résiste. C’est Pauline qui est vaincue. La grâce divine fait son œuvre en elle, mais l’amour avait préparé la voie.

Polyeucte m’amène tout droit à la Princesse de Clèves. L’héroïne du célèbre roman est, bien plus justement que Pauline, le type de « l’honnête femme qui n’aime pas son mari », une honnête femme chrétienne, fille de Racine et qui est allée à l’école chez Corneille.