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burant. Il fut ensuite très affecté. Il voulut abandonner ses recherches. Mme Philibert protesta. Elle savait qu’il ne se passerait jamais du carburant. Elle tâcha donc de se résigner. Pendant une absence de son mari, elle ne lui écrivit pas une seule fois. (Elle aussi faisait des expériences.) Philibert ne s’en aperçut même pas. Alors, elle s’inquiéta. Elle pleura. Elle perdit le sommeil. Elle dit à Philibert :

« Tu ne m’aimes plus. »

Philibert, dans la candeur de son âme, tenta de lui démontrer par des raisonnements serrés, logiques, irréfutables, que l’amour et le carburant s’accordaient dans son cœur. Il eût mieux fait de prendre sa femme dans ses bras, mais il en avait perdu l’habitude, et le réflexe amoureux ne jouait plus. Il faut dire aussi que, par un phénomène spécialement masculin, Philibert, depuis qu’il faisait chambre à part, ne comprenait plus la psychologie féminine. Il était comme un insecte qui a perdu ses antennes. Entre les deux époux, un malentendu existait, qui s’aggrava dans le silence où tous deux s’isolèrent, lui par l’effet de ses préoccupations scientifiques, elle par