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la petite enfance

raît qui porte sur son bras un poupon enveloppé de langes. Elle lève l’autre bras comme une enseigne de victoire et crie :

« Monsieur, c’est un garçon !… »

L’heureux père lève aussi les bras, et je suppose qu’il verse encore des larmes abondantes en remerciant l’Auteur de la Nature qui a eu la bonté de lui donner un héritier mâle et non pas cette créature secondaire, inférieure, et rarement désirée : une fille !

Je me représente l’annonce :

« Monsieur, c’est une fille ! »

Certes, le jeune père dissimulera sa déception. Il accourra près de sa chère compagne et la félicitera d’avoir mis au jour une enfant, gage heureux de sa fécondité, ce qui permet d’espérer, pour l’année suivante, ou l’autre année, un rejeton, selon le vœu de la race et l’intérêt essentiel de la famille : un garçon.

Cette scène conjugale se joue alors chez tous les Français, du roi au paysan. La France est un pays latin par la culture et la tradition et c’est aussi un pays de loi salique. La poule n’y doit point chanter avant le coq, même quand elle a pondu, et la toute-puissance est