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la femme et son secret

pas les plaisanteries grasses, les mots rabelaisiens qui amusent les hommes au fumoir ; mais celui qui les profère, et ceux qui les écoutent, n’en sont point salis, car il s’agit là d’un jeu masculin, sans conséquence. L’homme s’amuse d’obscénités et il ne livre rien de ce qui lui est personnel. Dans l’entretien le plus confidentiel, avec l’ami le plus sûr, s’il parle d’une femme aimée, il répugne à dévoiler cette femme. Il n’ouvre pas son alcôve à son confident. Et même, il peut voir tous les jours un camarade très cher, sans lui parler jamais de sa femme, ou de sa maîtresse, autrement que par allusion, et sans exprimer la nature et la force des sentiments qu’il éprouve. Est-il obligé de le faire, il est gêné, malheureux et maladroit, comme le serait une femme qui, dans la rue, perdrait sa chemise.

Il ne parle crûment que des femmes qu’il n’aime pas.

C’est la jalousie qui fait cette pudeur sentimentale de l’homme. Il ne peut pas décrire complaisamment à un autre homme la beauté de sa femme, et la douceur de leurs caresses, parce qu’il exciterait le désir du confident, comme il arriva au roi Caudaule. Et il ne peut