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la femme et son secret

« Si nous avions un enfant, ce serait gentil. »

Le mari est flatté par ce désir où il voit un hommage amoureux. Il ne sait pas encore qu’on lui demande de se donner un rival. Il ne sait pas que les femmes aiment, dans leur enfant, l’enfant lui-même, prolongement de leur être, et que le père n’a presque pas d’importance, en tant que géniteur. La femme d’un méchant homme peut adorer l’enfant de cet homme, d’autant plus follement qu’elle n’a que lui à chérir. Qui n’a connu de ces mauvais ménages, où une femme élève ses enfants comme des complices, et, dans sa passion maternelle, cherche inconsciemment, une revanche ? Ce sentiment est si fort qu’elle en est aveuglée et ne voit même plus les ressemblances du fils bien-aimé au père exécrable. Et combien de femmes assurent très naïvement que toutes les veuves ne sont pas à plaindre : avoir des enfants et pas de mari, c’est une forme du bonheur.

Même dans les plus heureux mariages, l’amour pour le mari et l’amour pour les enfants restent distincts, et ils peuvent entrer en conflit. Presque toujours, l’instinct mater-