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la femme et son secret

mes, et qu’on ne saurait discuter sans risquer aussitôt de passer pour bolcheviste !

Ces conventions ne m’inspirent aucun respect. Je ne confonds pas le mariage tel qu’il est avec l’idée qu’on doit avoir du mariage, et la maternité, telle que je l’ai vue, connue et comprise, avec l’idée qu’on doit avoir de la maternité.

Il est convenu que toutes les femmes, étant construites pour être mères, possèdent l’instinct maternel et que cet instinct infaillible a, chez toutes, même forme, mêmes tendances, mêmes exigences. Il est convenu qu’une jeune femme, en se mariant, doit désirer des enfants, et que si elle n’en désire pas, elle est un monstre. Il est convenu que la révélation de son état doit attendrir la femme enceinte, et qu’elle doit commencer aussitôt à chérir l’enfant à peine conçu. Il est convenu que la femme, désespérée par une grossesse catastrophique, et qui rêve d’une délivrance prématurée, est indigne d’être mère et sera une mauvaise mère. Il est convenu que le premier mouvement de l’enfant, dans le ventre maternel, et son premier cri, à sa naissance, font oublier aux mères leurs fatigues et leurs