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la femme et son secret

savante. Le mari, s’il n’est, par profession, ce qu’on n’appelait pas encore un « intellectuel » — mais la chose a précédé le mot — le mari, noble ou bourgeois du xive siècle, possède seulement des notions de grammaire et calcul, et, quelquefois il sait, tout juste, lire et écrire. Ce qui donne à penser que si sa femme, par hasard, a « des clartés de tout », ces clartés ne sont pas trop éblouissantes. Mais elle ne doit pas en aveugler son mari. Au contraire, c’est de lui qu’elle tiendra ses lumières. L’homme lui expliquera ce qu’elle a besoin de savoir, et il le fera en particulier. Ce serait une inconvenance si elle l’interrogeait devant le monde « par manière de domination ».

La récompense de cette modestie féminine c’est le bonheur domestique, dont l’auteur fait un charmant petit tableau. Il montre l’homme occupé au dehors, « allant, venant, courant, de-ci, de-là, par vent, pluie ou neige, un jour mouillé et l’autre sec, un jour suant, un jour transi, mal repu, mal hébergé, mal chauffé, mal couché ». Rien ne lui fait mal parce qu’au retour il sera très amoureusement accueilli, qu’il trouvera bon repas, linge blanc.