Page:Tinayre - La femme et son secret, 1933.pdf/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.
ix
avant-propos

sa force et sa faiblesse, le secret de sa plus haute vertu et de son égoïsme le plus mesquin. L’air de la solitude intellectuelle est irrespirable à ses poumons. Elle s’attache aux êtres plus qu’aux idées. Son royaume n’est pas la pensée, mais l’amour.

L’homme ne refuse pas de comprendre la femme. Le peut-il ? Jamais tout à fait. Et nous, non plus, si intelligentes, si perspicaces que nous soyons, nous ne comprenons pas entièrement cet être qui ne réagit pas comme nous au contact de la vie. Nous sommes injustes pour lui, même en le chérissant, et lui pour nous, même quand il nous aime avec toutes les forces de son cœur. Ce désaccord qui fait notre souffrance est dans la loi de la nature. Il est la condition et la rançon de l’attrait d’où sortira ce miracle : l’amour. Car l’amour n’est pas une harmonie : il est le pressentiment d’une harmonie, l’effort de deux âmes qui tendent à se rejoindre, à se confondre, par delà le plaisir passager et la chair périssable, sur le plan spirituel qu’elles ne peuvent atteindre. D’où sa misère et sa grandeur.

On prétend aujourd’hui, renier cette gran-