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le bonheur conjugal

n’ont pas vos idées sur la politique et la religion. Ils n’admirent pas votre mobilier dont vous êtes fière. Le quartier que vous avez choisi d’habiter leur déplaît. La forme de notre nez leur semble ridicule. Vous avez une automobile et ils n’en ont pas. Vous êtes plus riche qu’eux, et ils vous jalousent, ou bien vous êtes plus pauvre et ils vous méprisent.

Ils ont le droit de se mêler de vos affaires, puisqu’ils deviennent vos parents. Ils ont le droit de connaître les défaillances de votre santé, vos manies, vos relations particulières ; ils ont le droit d’intervenir dans vos querelles conjugales. Ils ont le droit de vous horripiler à mort. Ils en usent.

Ayez donc la sagesse d’habiter seuls, même si vous devez être mal logés. Même si vous devez vous servir vous-même. Même si vous devez, à la fin du mois, par économie forcée, boire de l’eau pure et prendre les secondes classes dans le métro. Être seuls, être libres, être soi, première condition du bonheur.

Car le bonheur conjugal existe. On ne le trouve pas tout fait en se mariant. On le fait. À force de tendresse, d’indulgence, de patience et de bonne volonté, après bien des heurts