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la femme et son secret

Dira-t-on que l’or du soleil est illusoire parce qu’on ne peut pas le monnayer ? Il existe puisqu’on le voit. Il est bienfaisant, puisqu’il vous rend joyeux. Et tout le monde sait ça, d’Orange à Aigues-Mortes et de Toulouse à Menton, dans le pays où la vraie sagesse pousse comme la vigne et l’olivier. Entre ce qui paraît être et ce qui est, la différence est petite, s’il y en a une.

Après cela, je veux bien avouer qu’on peut vivre sans illusions, comme on vit sans soleil, et que le mariage est un pays où il y a beaucoup d’ombres. Je veux bien avouer que l’amour et l’amour conjugal sont deux divinités qui ne sont pas jumelles. Est-ce à dire que les mariées de vingt ans, quand elles partent pour Venise, y vont chercher l’amour conjugal, avec sa figure conjugale et son accent conjugal ?

Non. C’est l’amour tout seul qu’elles espèrent trouver. Elles ne font pas la différence. Si elles pouvaient la faire, auraient-elles tant de joie à se marier ?

Ne considérons pas les jeunes filles qui ont mené une vie de garçon — et même celles-là,