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tions proverbiales sont bannies, tous les mots inutiles sont écartés du langage, parce qu’ils jettent de la langueur et de l’ennui dans la conversation.

Or, cette délicatesse raffinée de l’expression, Mme de Pompadour, si fine, si cultivée, ne la possède pas encore. Il lui arrive de parler comme on parlait chez François Poisson — ou comme parle son ami Duclos, le philosophe cynique, aux soupers de Mme d’Épinay, quand il se plaît à scandaliser les convives. Le duc de Luynes note, sans méchanceté, sinon sans malice, que « Mme de Pompadour, bien éloignée d’avoir de la hauteur, nomme continuellement ses parents, même en présence du Roi. Peut-être répète-t-elle trop souvent ce sujet de conversation. D’ailleurs, ne pouvant avoir eu une extrême habitude du langage employé dans les compagnies avec lesquelles elle n’avait pas coutume de vivre, elle se sert souvent de termes et expressions qui paraissent extraordinaires dans ce pays-ci. Il y a quelques jours qu’elle parlait d’un de ses cousins germains qui est religieux et que l’on a fait venir dans une maison de son ordre, pour être à portée de tenir compagnie à M. Poisson qui habite dans ce lieu depuis quelque temps. Mme de Pompadour a eu la curiosité de voir ce religieux, à dessein de