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avec le Roi, d’avoir repoussé une tentative de viol sur sa personne, ce qui est exactement le contraire de la vérité. Et Mme du Hausset pourra écrire, avec indignation, que la comtesse a fait « plus que des avances » au roi étourdi par le vin et sans défense contre cette impudique d’Estrades.

C’est l’ennemie intime, la plus dangereuse de toutes ; c’est l’hypocrisie caressante, installée à la table de la marquise et présente à sa toilette. Chaque jour, à cette heure charmante où les courtisans affluent dans l’appartement d’en haut, où la marquise, souriant à son miroir, reçoit les suppliques et distribue l’espérance, une d’Estrades est là, qui tend l’oreille, qui s’agite, qui s’exerce à l’espionnage, feignant la plus tendre amitié avec une âme empoisonnée de jalousie, inventant le mal qu’elle n’a pu découvrir, pour nuire à l’amie dont le bonheur la martyrise, et « pour se faire valoir auprès de son amant ».

Si la haine est au foyer même de la marquise, que dire des rancunes et des colères du dehors ? La grosse duchesse de Lauraguais, une des Mailly-Nesle, qui a fait l’intérim entre Mme de Châteauroux et Mme de Pompadour, nullement aimée du Roi et bonne pour une passade, comment