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secret plaisir d’une revanche sur les maîtresses anciennes, et surtout sur la première, cette Mme de Mailly, qui avait été, pour Marie Leczinska, une rivale — la seule rivale détestée, celle qui avait volé le cœur du Roi. Les autres n’avaient rien pris à la Reine, puisque, déjà, la Reine avait tout perdu. L’épouse délaissée avait souffert de leur triomphe insolent, mais la blessure inguérissable, c’est Mme de Mailly qui l’avait faite. Une femme nouvelle paraissait, qui détachait le Roi de ses souvenirs ; une femme qui, dès le premier moment de sa faveur, affectait le plus profond respect pour la Reine et — chose étrange ! — ne lui était pas ennemie !… Mystère du cœur féminin ! Le choix scandaleux du Roi — scandaleux pour toute la noblesse ! — rassurait presque la Reine, par la distance énorme qui mettait la « petite d’Étiolles » si loin de l’épouse couronnée, et ne permettait de l’une à l’autre aucune comparaison.

Ces sentiments de la Reine, ignorés des courtisans et peut-être d’elle-même, se révélèrent ainsi, dans la première rencontre, et ne se démentirent jamais. Le Dauphin n’avait pas les mêmes raisons d’être indulgent. Il le fit bien voir quand il accueillit