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belle gorge, ses beaux bras aux tons nacrés, dans leur demi-nudité de gala, défiaient les critiques jalouses. Elle fit une révérence à la porte du Roi, une seconde au milieu de la chambre, une troisième tout près de Louis XV qui, rougissant et plus troublé que sa maîtresse, murmura des paroles embarrassées. Mais le moment le plus difficile approchait. Après le Roi, la Reine devait recevoir l’hommage de Mme de Pompadour. À travers une foule pressée et sans bienveillance, la marquise et son cortège arrivèrent au cabinet de Marie Leczinska. Les trois révérences accomplies, Mme de Pompadour, ayant ôté le gant de sa main droite et fait le geste de prendre le bas de la jupe de la Reine pour la baiser, la Reine retira doucement sa jupe, selon l’usage établi à la cour de France ; et la marquise, en relevant la tête, vit, pour la première fois de tout près, la femme de Louis XV. Il n’y avait pas de colère, à peine de mélancolie sur ce visage résigné que le bonheur, autrefois, rendait charmant, avec son petit nez incorrect, ses yeux fins, sa bouche malicieuse, et qui s’était fané dans les larmes. À quarante-deux ans, Marie Leczinska avait pris le ton et l’allure d’une vieille dame. Elle ne mettait plus de