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verain qui, seul, crée la noblesse ; elle portait ce joli nom de Pompadour, acheté à l’héritier d’une famille éteinte, avec la terre patronymique située en Limousin ; mais, pour avoir droit de cité à la cour, il lui fallait encore être « présentée ». On se demandait quelle grande dame aurait la bassesse de servir de marraine à l’ex-demoiselle Poisson. L’abbé d’Aydie, très lié avec la princesse de Conti, lui dit, peu de jours avant la cérémonie :

« Quelle est la… qui pourra présenter une pareille femme à la Reine ?

— L’abbé, dit la princesse mourant de rire, n’en dites pas davantage, car ce sera moi.

Elle n’ajoutait pas qu’elle jouait un double jeu assez vil, car elle avait sollicité du Roi la faveur de conduire Mme de Pompadour, tout en assurant à la Reine qu’elle cédait au désir formel du Roi.

Cette cérémonie de la « présentation » comportait un rituel compliqué, qu’il fallait étudier comme une comédie et comme un ballet, avant de se produire sur le dangereux théâtre de Versailles. Mme de Pompadour, danseuse et comédienne habile, n’était pas embarrassée par les révérences et connaissait d’instinct la façon de marcher en habit de cour et de repousser du talon l’immense traîne