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trop se cacher, et jusque dans les bras du Roi, une pensée triste la hante… Louis XV l’interroge. Que craint-elle ?… Elle fait d’abord quelques façons, puis elle avoue l’extrême frayeur qu’elle a de M. Le Normant d’Étiolles… Il n’est point à Paris, c’est vrai. Un ami complaisant, M. de Savalette, l’a invité pour les fêtes de Pâques dans son château de Magnanville, mais avant son départ, il devait soupçonner quelque chose, et lorsqu’il sera revenu, que fera-t-il ?… Jeanne-Antoinette joue supérieurement le jeu classique des femmes qui excitent la jalousie d’un homme pour le mener plus loin qu’il ne veut aller. Elle dépeint l’excellent M. d’Étiolles comme un second Barbe-Bleue qui la reprendra, de gré ou de force, et la tuera sans doute. Il n’en faut pas davantage pour fouetter la passion du Roi qui n’admet pas de rivaux, et Mme d’Étiolles emporte la promesse de cette « déclaration » qui fera d’elle l’égale des Mailly, Vintimille et Châteauroux, une sorte de fonctionnaire royal de l’amour, une « grande officière de la Couronne ».

Pendant ces débats, le paisible M. d’Étiolles se reposait à Magnanville et se réjouissait de rentrer bientôt chez lui où il retrouverait sa chère Jeanne-