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plus grand désordre, ayant été poussée et repoussée par la foule. De la jeune fille absente il ne fut plus question. Si le Roi en avait quelque regret, Mme d’Étiolles l’en consola bien vite. Ils allèrent se remettre un peu dans le cabinet du Prévôt. Après un entretien des plus tendres et sans doute quelques privautés légères qui firent désirer au Roi d’autres faveurs, le couple amoureux, escorté par le duc d’Ayen, quitta l’Hôtel de Ville. Certains ont cru que Louis XV emmena sa belle à Versailles : Mme d’Étiolles était trop fine pour ne pas se défendre un peu. Se donner sans conditions dans l’éblouissement du premier baiser, c’est le fait d’une femme très sensuelle ou très naïve ; ce n’est pas le fait d’une Mme d’Étiolles, qui a la tête froide, qui sait bien ce qu’elle veut et où elle va.


— Où dois-je vous conduire ? demanda Louis XV.

— Chez ma mère.

Suprême habileté ! L’aventure change de caractère. Le Roi n’a plus le sentiment que la « petite d’Étiolles » est une rose à cueillir, d’un geste négligent. Elle sauve une apparence de dignité : elle se farde d’une pudeur qui la rend désirable.