Page:Tinayre - La Vie amoureuse de madame de Pompadour.pdf/46

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Marie-Raphaelle. La nuit du 27 février, les grilles du Château s’ouvrirent pour laisser pénétrer dans l’avant-cour deux interminables files de carrosses. Les invités de Louis XV descendaient devant l’escalier de marbre, et n’étaient contrôlés que par des huissiers debout derrière une barrière en bois de chêne. Point de billets. Il suffisait qu’une seule personne, le masque enlevé, donnât son nom et les noms de ceux qui l’accompagnaient. À minuit, la foule déborda les barrières et submergea les huissiers. Paris était dans le Château, et sous l’étincellement des lustres, entre les boiseries dorées et les hautes glaces qui avaient reflété les cérémonies réglées comme des ballets et les fastes du Roi-Soleil, ce fut la plus étonnante cohue.


Regardez l’estampe de Cochin, qui a fixé pour la postérité le tumulte et la bousculade de cette nuit. L’artiste a interprété son sujet dans un sens gracieux et noble. Il a bien montré une bande qui soupe, assise sur le parquet, mais il a éliminé ces gens de mauvaise compagnie, bourgeois et tout petits bourgeois, dont le sans-gêne offensait si fort la princesse de Conti. Les danseurs masqués ou démasqués, Arlequins, Pierrots, Scaramouches,