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le Roi fut, il y a quelques jours, à un bal en masque dans la ville de Versailles. On a même tenu, à cette occasion, quelques propos de galanterie, et l’on croit avoir remarqué qu’il dansa hier avec la même personne dont on avait parlé. Cependant, c’est un soupçon léger et peu vraisemblable. Le Roi paraissait avoir grand désir, hier, de n’être point reconnu. »

Ces bals travestis, c’était la revanche de la fantaisie contre l’ennui de la vie de cour ; c’était l’oubli de la hiérarchie et de l’étiquette, l’illusion, pour le Roi, d’être, sous le masque, un simple particulier. Il allait, déguisé, où il ne se fût jamais montré, à visage découvert, dans sa majesté souveraine : à des bals privés, à des bals publics, et même au bal de l’Opéra, en payant sa place comme tout le monde. Quelques amis seulement l’accompagnaient. Dans ces fêtes, le Roi, mal gardé, nullement défendu, aurait pu être, pour un Damiens, une proie facile… Il n’y songeait pas. Lui, si méfiant, il se fiait à l’amour du peuple, au vieux pacte de fidélité qui liait encore la France aux Bourbons.

Or, jamais la liberté ne fut plus grande qu’aux fêtes de 1745 lorsque le Dauphin épousa l’Infante