Page:Tinayre - La Vie amoureuse de madame de Pompadour.pdf/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mit beaucoup d’importance à entrer en commerce d’amitié avec ma mère, dont le salon commençait à acquérir une grande célébrité. Elle prit le prétexte de sa fille qu’elle voulait mettre en bonne compagnie et, à mon grand étonnement et chagrin, je vis un jour arriver, chez ma mère et chez moi, la Poisson avec sa fille. La mère était si décriée qu’il était impossible de suivre cette connaissance, mais la fille méritait des politesses. Je fus très embarrassée pour les séparer, de manière à n’être pas malhonnête ; je parvins enfin à ne rendre des visites qu’à Mme d’Étiolles, qui avait demandé à ma mère la permission de venir souvent chez elle « pour y prendre de l’esprit », car la compagnie de son oncle était, disait-elle, « de fort honnêtes gens, mais qui avaient un très mauvais ton ».

La permission fut accordée, et Mme d’Étiolles vit s’ouvrir devant elle le « royaume de la rue Saint-Honoré », le salon artistique et philosophique où régnait cette fée bienveillante et grondeuse, Mme Geoffrin, illustre à Paris et dans toute l’Europe. « Jolie, bien faite, parfaitement bonne, chantant à merveille, douée de tous les talents pour séduire, elle plut beaucoup aux vieux philosophes des réunions du mercredi. »