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bleu et tout semé de fleurs de lys d’or, comme un manteau de roi.

Quand on élève une demoiselle pour des amours royales, on lui enseigne autre chose que le catéchisme et le tricot, et ce n’est pas dans un couvent qu’elle fait son apprentissage.

Reinette avait bien passé une année chez les Ursulines de Poissy, où elle avait deux tantes religieuses. C’était en 1730, pendant l’exil volontaire de M. Poisson. Les bonnes sœurs chérissaient cette enfant délicate de corps et d’âme, très sensible, très intelligente, et, disait la supérieure dans une lettre à M. Poisson, « d’un agrément qui charmait tous ceux qui la voyaient ». Moins jolie, la mère l’eût laissée au couvent, et elle y eût achevé son éducation, en développant les excellentes qualités de son cœur sous une ferme direction religieuse. Elle fût devenue, très probablement, une honnête femme sans gloire dont le nom nous serait inconnu, et peut-être eût-elle été plus heureuse. Mais elle était jolie, et sa mère était ambitieuse. Reinette dut quitter le couvent, dès sa neuvième année, au vif chagrin des religieuses, et ce fut alors que commença son éducation, bien différente de celle que Fénelon avait conçue pour les filles du