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qui partit. Le roi étonné d’être encore vivant, conserva quelques jours une humeur mélancolique. « Le corps va bien, disait-il, mais — touchant la tête — ceci va mal, ceci est impossible à guérir… » Il pensait peut-être qu’il était marqué pour le couteau d’un Ravaillac, et peut-être souffrait-il aussi de sentir l’inimitié latente de son peuple. Toute la famille royale escomptait son repentir public et son retour à la vertu. Il ne retourna qu’à ses habitudes. Un beau jour, il descendit, comme naguère chez Mme de Pompadour.

Le lendemain, la marquise monta en chaise et se fit conduire chez M. d’Argenson. Elle revint de fort mauvaise humeur. Appuyée à la cheminée, les mains dans son mouchoir, elle se taisait, toute pensive. L’abbé de Bernis lui dit : « Vous avez l’air d’un mouton qui rêve. »

Elle tressaillit, jeta son manchon sur un fauteuil et répondit : « C’est un loup qui fait rêver le mouton. »

Le Roi entra, sur ces entrefaites, et resta seul avec la marquise et Bernis. Mme du Hausset, à travers la porte, entendit des sanglots, et bientôt l’abbé de Bernis demanda des gouttes d’Hoffmann. La fidèle femme de chambre apporta ce médica-