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La marquise emporte ce trait, piquée au vif de son orgueil, et Maurepas de rire, chez la maréchale de Villarts, l’amie de la Reine. On lui disait :

— Vous avez reçu une belle visite !

— Oui, de la marquise. Cela lui portera malheur. Je me souviens que Mme de Mailly vint aussi me voir deux jours avant d’être renvoyée. Pour Mme de Châteauroux, on sait que je l’ai empoisonnée. Je leur porte malheur à toutes. »

Il se vantait. Sa perte était certaine, dès ce moment. Mme de Pompadour affecta de craindre ce poison que ses contemporains voyaient partout. Elle refusait de manger et de boire à la table même du Roi, pleurait et gémissait sans cesse. Tous les hommes et les rois comme les autres, ont une sainte terreur des « scènes » féminines, et Louis XIV lui-même cédait aux violences de Mme de Montespan. Maurepas — le 25 avril 1740 — reçut un congé brutal dont la Reine, l’innocente Reine, supporta le contre-coup. L’exil du disgracié dura vingt-cinq ans — mais les Poissonnades continuèrent, et le chevalier de Reneguier osa publier cette épigramme :

Fille d’une sangsue et sangsue elle-même,
Poisson, d’une insolence extrême,
Étale en ce château, sans honte et sans effroi,
La substance du peuple et la honte du Roi.