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reprend le combat. À tous ceux qui lui disputent la puissance, elle livre bataille et, pour vaincre, elle ne cesse d’épier, de calculer, de chercher le moment propice et le point faible.

La maîtresse du Roi peut ignorer la politique ; l’amie du Roi ne le peut point. Il lui faut donc disputer aux ministres une influence dont ils sont jaloux. Elle a gagné les premières manches. Débarrassée du contrôleur général Orry et du marquis d’Argenson, qu’elle a fait remplacer par des créatures à elle, Machault d’Arnouville et Puysieux, Mme de Pompadour a contre elle Richelieu, Maurepas et le comte d’Argenson, amant de la perfide Estrades. Longtemps, par indolence, scrupule ou taquinerie, Louis XV a refusé de départager les adversaires. Il paraît même s’amuser cruellement à leur jeu. Mais le murmure des Poissonnades vient jusqu’à ses oreilles, et l’occasion arrive — admirablement préparée par la marquise — où le Roi est obligé de sévir.

Richelieu, d’abord, est touché. Revenu du siège de Gênes, il avait annoncé son intention de « crosser la Pompadour comme une fille d’Opéra » et, presque aussitôt, se targuant de sa charge de Premier gentilhomme de la Chambre, il avait refusé au duc