Page:Tinayre - La Vie amoureuse de madame de Pompadour.pdf/131

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sans faux pas, jusqu’à la cime. Que d’obstacles surmontés, que d’ennemis abattus ! La Reine et le Dauphin, non pas gagnés, mais rendus neutres ; les courtisans séduits ; les ministres réduits à une sorte d’obéissance ; la roture ignoble des Poisson décrassée ; le père réhabilité ; le petit frère Abel, que le Roi nomme familièrement « frérot », devenu marquis de Vandières de Marigny, destiné à la Direction générale des Bâtiments ; la mignonne Alexandrine élevée comme une princesse au couvent de l’Assomption, — quel chemin parcouru depuis le rendez-vous de chasse de Sénart ! La marquise est prodigieusement riche ; elle achète des domaines qu’elle embellit et où elle ne fait que passer : après l’admirable Crécy, c’est la petite maison exquise de la Celle ; c’est le royal Bellevue ; c’est l’Ermitage de Versailles et celui de Fontainebleau. Dans ces demeures enchantées, elle est reine, et les plus grands seigneurs de France portent l’habit à ses couleurs — vert pour Crécy, rouge pour Bellevue. Le Roi y vient, soupe, regarde les jardins illuminés d’où sortent des bergers et des Faunes, qui lui adressent des compliments en vers, écoute la comédie, bâille et s’en va souvent sans remercier l’amie ingénieuse. Il s’en va, mais il revient. Ses