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d’obtenir pour un bas militaire un petit commandement, je pris le parti d’aller trouver le comte d’Argenson.

« Je lui exposai ma demande et lui remis un mémoire. Il me reçut froidement et me dit des choses vagues. Je sortis. M. le marquis de Voyer, son fils, qui était dans son cabinet et qui avait tout entendu, me suivit. « Vous désirez, me dit-il, un commandement ; il y en a un de vacant qui m’est promis pour un de mes protégés. Mais si vous voulez faire un échange de grâces et m’en faire obtenir une, je vous le céderai. Je voudrais être exempt de police et vous êtes à portée de me procurer cette place. »

« Je lui dis que je ne concevais pas la plaisanterie qu’il faisait.

« Voici ce que c’est, dit-il. On va jouer le Tartuffe dans les Cabinets. Il y a un rôle d’exempt qui consiste en très peu de vers. Obtenez de Madame de me faire donner ce rôle et le commandement est à vous. »

« Je ne promis rien, mais je racontai l’histoire à Madame. La chose fut faite, et j’obtins le commandement pour mon parent et M. de Voyer remercia Madame comme si elle l’eût fait faire duc. »