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court, le Préjugé à la mode de La Chaussée, le Mariage fait et rompu de Dufresny. Et comme elle ne veut perdre aucune de ses chances de plaire, elle se révèle cantatrice aussi bien que comédienne. Sa voix, véritable expression de sa personne, comme elle, délicate et nuancée — peu de puissance réelle et beaucoup d’art — n’est pas inégale aux grands récitatifs, aux grands airs d’Acis et Galathée, de Phaéton, d’Armide, et elle se joue, avec une délicieuse facilité, dans les mélodies tendres et simplettes du Devin de Village.

Le succès des premières représentations retentit bien au delà du Cabinet des Médailles. Tout le château s’en émut et tout Paris. Les courtisans se découvrirent d’imprévues vocations théâtrales. Mme du Hausset rapporte, à ce sujet, un trait bien curieux. « Dans le temps qu’on jouait la comédie aux Petits Appartements, j’obtins, par un moyen singulier, une lieutenance du roi pour un de mes parents et cela prouve bien le prix que mettent les grands aux plus petits accès à la cour… Madame n’aimait rien demander à M. d’Argenson. Pressée par ma famille, qui ne pouvait concevoir qu’il me fût difficile, dans la position où j’étais,