chaque jour plus et elle sentait qu’à présent il était bien ce qu’elle avait de plus cher au monde.
Mais pourquoi ne revenait-il pas !
XVII
— Enfin !
Bien loin dans la lande elle avait aperçu une ombre et elle monta sur le banc, la main abritant ses yeux, pour mieux voir, dans le rouge poudroiement du soir splendide. C’était lui ; il venait, portant son fidèle biniou, le chapeau en arrière, rubans flottants. Il distinguait sans doute, dans la verdure, sa coiffe blanche et sa robe sombre, car il lui fit un signe de la main, et aussitôt la chanson du biniou vint à elle… C’était le salut d’amour qu’il lui donnait.
Comme il sonnait gaiement, le vieux biniou, un air de fête ! Il chantait la joie du foyer retrouvé, le soir, quand les ombres des menhirs s’allongent, quand des cris légers montent des sillons… Il chantait la maison qui apparaît au bout de la route, comme un nid dans les rameaux, et la femme, la bien-aimée du paysan, forte, fidèle et douce, qui attend au seuil, anxieuse, blanche colombe du doux nid.