Elle n’était pas triste, la maison, à présent que Maria-Josèphe s’y était accoutumée. Dans les arbres, d’abord, rien n’est plus joli que le chaume. Et puis, elle était seule et c’était ce qu’il lui fallait. Elle n’avait même pas voulu de servante, le dur travail manuel chassant toutes les mauvaises idées. À Carnac, on criait à la mésalliance. Cette fière Maria-Josèphe, femme d’un paysan, dans sa chaumière perdue au fond des landes, n’ayant pour compagnie que quelques femmes qui ne savaient pas un mot de français… Qui l’eût jamais cru ? Elle était folle ; avoir dédaigné tant de beaux partis pour en venir là, c’était triste, mais c’était bien fait pour cette orgueilleuse. La mère le Bihan était trop faible et Maria-Josèphe, accoutumée à faire ses quatre volontés, avait tellement insisté que la vieille avait consenti à ce mariage ridicule… Et les médisances allaient leur train.
Mais la jeune femme ne s’en souciait guère… Yann était si bon, si tendre pour elle ! Il lui sonnait de si beaux airs de biniou, le soir, et il la promenait dans les chemins, timide, gêné, mais heureux, comme un promis avec sa promise… Hélas ! ils formaient un couple étrange : toujours promis, jamais époux, fiancés pour des fiançailles éternelles…
Cependant elle en était chagrine pour lui : ce n’était pas une vie, celle qu’il menait. Pour son dévouement, pour son amitié de frère, elle l’aimait