cils splendides. Ce n’est plus la Bretagne de la côte, où déjà pénètrent le français et l’instruction ; c’est la Bretagne d’autrefois, la vraie, où les paysans ignorants et superstitieux gardent avec fierté la routine de leur misère.
Un peu à l’écart, une petite maison domine ce doux ravin de Kerloquet. Elle est bien vieille et semble bien pauvre, sous les chaumes pendants du toit. Blottie au fond d’un jardin mal cultivé où croissent plus de fleurs sauvages que d’arbres fruitiers, on dirait vraiment qu’elle a honte et qu’elle s’efforce de cacher, sous un bel habit de clématites et de lierre, ses murs de pierre brute, sa porte unique et sa fenêtre basse aux ais disjoints. Par l’étroite baie, on entrevoit une grande chambre mal éclairée : au plafond, des arbres à peine équarris forment solives ; la vaste cheminée sans feu semble un trou d’ombre ; çà et là luisent des faïences peintes et des pots d’étain. Au fond un lit clos, sculpté comme une châsse, dort, encastré dans le mur, sous ses courtines de perse à fleurs qui datent de l’autre siècle. Sur un fauteuil de paille qui contraste singulièrement avec le reste du mobilier — huche, coffres longs, durs escabeaux, gros meubles paysans en cœur de chêne — pend une robe de femme, une belle robe de drap fin, aux larges velours.
C’est la maison d’Yann Lebrenn et de sa femme Maria-Josèphe.