des notaires, des avoués, des médecins de Lorient ou de Vannes s’éprendre de belles filles de campagnes plus riches, mais moins bien élevées qu’elle-même. Il n’était pas impossible que semblable aventure lui arrivât.
En attendant, Maria-Josèphe restait fille et laissait causer les galants. Les compliments l’amusaient, car elle était naïvement coquette, cette Bretonne aux airs de Madone. Il est vrai qu’elle était également gracieuse et indifférente pour tous ; elle ne repoussait personne, mais elle ne favorisait aucun des soupirants qu’attiraient sa beauté et sa distinction native. Elle mettait même une sorte de complaisance orgueilleuse à recevoir les hommages de ces hommes qu’elles dédaignait. Les femmes — quand l’amour véritable n’a pas éveillé leur cœur — semblent peu difficiles sur la qualité des flatteries qu’on leur adresse. Elles distinguent fort bien le pur encens de la vaine fumée, mais elles acceptent l’un et l’autre avec une impassibilité d’idoles. Et plus tard, combien d’hommes sincèrement aimés d’elles, n’osent jamais en être tout à fait sûrs ! Leur bonheur est mêlé d’une incertaine jalousie, d’autant plus tenace qu’elle n’a pas d’objet déterminé. Il est étrange que la plupart des femmes soient si peu avares du bonheur qu’elles peuvent donner — fût-ce le bonheur fugitif des yeux devant