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avant l’amour

— Ne dites pas cela, m’écriai-je, vous avez du talent. Vous triompherez… Oh ! j’ai foi en vous… Je vous comprends si bien ! Vous m’avez révélé la musique… Il me semble que, moi aussi, guidée par vous, j’aurais du talent..

— Pourquoi ne pas nous entr’aider tous deux ? dit-il avec une expression de tendresse qui me bouleversa tout entière… J’ai deviné que vous êtes, chez votre tuteur, comme un pauvre petit rossignol perdu dans une volière de perroquets… Pardonnez mon irrévérence… Vous êtes une étrangère parmi ces bons Philistins. Ah ! quand je vous ai parlé, la première fois, j’ai bien senti que vous étiez de ma race… N’est-ce pas, Marianne, vous n’êtes pas heureuse toujours ?

— Non, pas toujours, répondis-je sans savoir ce que je disais…

— Voulez-vous que je sois votre ami ?

L’émotion m’étouffait. Rambert, oubliant tout, se rapprochait de moi :

— Je vous aime, je vous aime tant, balbu-