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le caractère. Le lendemain des noces, brutalisée, écœurée, elle se soumet comme un animal passif, ou médite déjà des revanches dont seront seuls responsables les parents, le mari, les absurdes mœurs qui ont tendu le piège légal et fleuri, où tombe la vierge pour s’y réveiller femme.

— Hélas ! diront les mères, une fille instruite, avouant qu’elle sait, ne rencontrera pas un homme assez courageux pour l’épouser. L’innocence de la fiancée est le gage de la fidélité de l’épouse.

En êtes-vous bien sûres, pauvres mères ? Quant aux hommes qui n’auraient pas le courage dont vous parlez, leur prudence prouve la médiocrité de leurs mérites. Ils sentent qu’ils ne peuvent se faire accepter que par ruse, et que la vierge, capable de sacrifier sa pudeur à l’amour, ne la sacrifierait point, peut-être, à leurs ignobles calculs et à leur souverain égoïsme. Ils suppriment la difficile, glorieuse et charmante conquête qu’accomplira, plus tard, le vengeur — l’amant !