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avant l’amour

tesse certaine et sa laideur possible. Jamais je ne t’ai menti. Souviens-toi. Et quand tu m’objecterais mes fautes, mes faiblesses, disons hardiment mes vices, si tu veux, je ne songerais pas à m’innocenter. Je te répondrai seulement : si je ne t’ai pas aimée selon la formule de Pierre, Paul ou Jacques, je t’ai aimée sincèrement, comme peut aimer Maxime Gannerault. Amour peu romanesque, soit ! Peu délicat ? Tu l’as dit… Mais amour au même titre que l’amour des gens vertueux ou sentimentaux. Oh ! Marianne, je t’aimais ! Je t’aimais puisque je ne voulais te tenir que de toi-même. Amie chérie, amie perdue… écoute, crois-moi, la passion échappe au mépris quand elle peut montrer l’irrécusable témoignage de la douleur…

Je reculai d’un mouvement involontaire. Les murs de la chambre tournoyaient autour de moi et le passé, renaissant comme une flamme des décombres d’un incendie, m’enveloppa de son souffle et de sa chaleur. Et Maxime tomba à genoux… Ceignant de ses bras ma taille qui